Riche de l’expérience humaine acquise au fil des ans, chaque membre de l’entreprise familiale Weber & Grau saura vous assister avec sa propre personnalité et sensibilité – mais toujours avec la même bienveillance et écoute attentive.

Émile Grau

Gérard Grau
« Mon cadeau à moi, aux familles en deuil, c’est ce moment où je vois que je pourrai les soulager d’un souci, les soutenir, les conseiller. »
Témoignage de Gérard Grau
Quand mon père Emile a fondé l’entreprise, en 1959, j’avais trois ans. En ce temps-là, lorsqu’il y avait un décès au village, on demandait au menuisier de venir mesurer le corps pour fabriquer le cercueil. Les familles s’occupaient de la toilette de la personne décédée, qui restait à la maison jusqu’à la cérémonie. Ensuite le menuisier emmenait le défunt au cimetière sur un petit char tiré par des chevaux.
Je me souviens qu’à 11-12 ans, j’ai accompagné mon père pour un transport mortuaire en Italie. J’étais installé sur un petit siège à l’arrière, à côté du cercueil. Déjà à cette époque, je suivais mon père partout, aussi pendant les mises en bière. Un peu comme mon fils Raphaël a fait avec moi.
En 1972, mon père est mort. Il avait 51 ans et moi 15 ans et demi. Hémorragie cérébrale. J’étais à côté de lui durant ses quelques heures à l’hôpital, j’ai remué ciel et terre pour qu’il vive. Mais il est décédé. C’est jeune pour perdre son papa. Je lui ai beaucoup parlé au cimetière. J’allais m’asseoir à côté de sa tombe et je lui parlais. Je dis souvent ça aux gens : « Allez parler à ceux que vous aimez. Dites ce que vous avez sur le cœur, c’est important. Et si vous ne pouvez pas le dire, écrivez-le. »
Malgré mon jeune âge, j’étais bien décidé à reprendre l’entreprise paternelle et je me suis lancé dans un apprentissage de menuisier. Je suis devenu adulte à toute vitesse : discuter, à 17 ans, avec les enfants d’un nonagénaire qui ont autour de 70 ans, ça fait grandir très vite. Ce sont de sacrés apprentissages de vie…
Mon cadeau à moi, aux familles en deuil, c’est ce moment où je vois que je pourrai les soulager d’un souci, les soutenir, les conseiller. Parfois, partager notre vécu aide aussi les proches à choisir la meilleure manière d’accompagner un décès. Mon expérience d’aujourd’hui me permet davantage ce genre de choses.
Nous arrivons au monde un peu fripés, il y a du sang à la naissance… Alors je dis parfois aux familles qui veulent voir leur proche décédé qu’il est aussi un peu fripé, comme à sa naissance. Le corps humain est un peu comme une fleur, si on la laisse sans eau durant deux jours, elle se flétrit. C’est bien de prévenir les familles.
Parfois, il m’arrive de retourner chez des personnes que j’ai assistées lors d’un deuil. Je passe et si elles sont là, je m’invite pour un petit café. Cela fait plaisir à tout le monde.
Les morts, c’est une chose. On fait en sorte de les habiller, de les maquiller, de les préparer le mieux possible. Mais le plus important, c’est de s’occuper des vivants. De la famille qui reste. C’est cela, notre vocation, et nous devons sans cesse nous adapter aux situations et aux personnes.
Le respect est pour nous la valeur la plus importante. Le respect du défunt, le fait de l’habiller entièrement, et pas simplement avec une veste. Même si le cercueil est fermé, le défunt est habillé. C’est une marque de respect pour tout le monde : le défunt et les vivants. De respect et d’humanité.
Un jour, j’ai dû m’occuper d’une famille confrontée à un vrai dilemme. Le corps de la grand-mère devait rester à la maison, comme elle l’avait souhaité, mais les parents voulaient aussi fêter les cinq ans de leur fils. Le jour de la cérémonie, en arrivant dans la pièce où reposait la grand-mère, je vois son petit-fils jouer avec le tracteur téléguidé qu’il venait de recevoir. Je lui dis « Salut ! C’est le cadeau que tu as reçu ? » Et lui me répond : « Salut ! Oui, je le montre à grand-maman avant qu’elle parte ! » Sur le pas de la porte, j’avais les larmes aux yeux.

Françoise Grau-Robert
« Les retours des gens qui ont fait appel à nos services montrent que nous sommes différents. Très à l’écoute, empathiques. On me parle de ma douceur, de ma patience. Du fait que je suis tout le temps en train de sourire. »
Témoignage de Françoise Grau-Robert
D’aussi loin que je me souvienne, la mort a toujours fait partie de ma vie. Déjà enfant, je m’interrogeais, j’observais. Je regardais la photo de mon grand-père, assis au bord du lac. Le père de mon père, décédé alors que ma mère était enceinte de moi. Pour moi, ce grand-père était devenu une étoile dans le ciel. Je savais qu’il était là pour me protéger. Plus tard, ma mère a perdu sa mère, ma grand-mère d’Italie. Je ne l’avais jamais vue si triste. Elle s’est mise à s’habiller en noir et ne s’en est jamais remise. Deux ans après, elle a perdu deux de ses frères.
Quand j’ai eu 18 ans, mon père est décédé subitement. Le croque-mort est venu à la maison. C’était Gérard. Je me souviens de l’avoir enguirlandé, tellement j’étais en pleurs. Aujourd’hui, quand je vais dans les familles, j’accepte l’agressivité parce que je sais que j’ai pu l’éprouver. La personne la plus sage du monde peut se transformer sous l’effet de la douleur…
Quelque temps plus tard, j’ai revu Gérard, nous sommes tombés amoureux et nous nous sommes mariés.
Raphaël est né en 1986, au moment où j’ai choisi de rejoindre l’entreprise. Au début, je me suis attelée à tout ce qui était administratif. Ensuite, mes tâches se sont élargies. Aujourd’hui, je fais tout, sauf les mises en bière.
Travailler dans le monde de la mort est ce qui me convient le mieux. La mort m’est familière. Je sais aller à la rencontre des gens pour leur annoncer un décès, pour parler avec eux. Il y a quelques années, nous avons eu un grave accident de voiture en Afrique du Sud. J’ai failli mourir, mais j’acceptais cette idée. Et puis je suis revenue à la vie. Paradoxalement, cela m’a enlevé toute peur de la mort.
J’en suis convaincue : c’est un métier de vie que nous faisons là. Sinon, je ne pourrais pas m’y consacrer. S’occuper de la mort me fait prendre conscience de la chance d’être en vie, de vivre proche des gens que j’aime. J’ai beaucoup de reconnaissance, pour ma famille, pour mon entourage. Pour la vie.
Et je suis heureuse de travailler en famille. Cela donne encore plus de sens à ce que nous faisons. Nous sommes solidaires. C’est très fort. Je suis quelqu’un qui s’implique beaucoup, je fais les choses à fond.
Les retours des gens qui ont fait appel à nos services montrent que nous sommes différents. Très à l’écoute, empathiques. On me parle de ma douceur, de ma patience. Du fait que je suis tout le temps en train de sourire. Et puis nous sommes une famille au service des familles. Nous sommes une famille avant d’être une entreprise, et ça, les gens le sentent.
Je me souviens d’une femme, très belle. Si jeune… Elle ressemblait à Audrey Hepburn. Je l’ai suivie longtemps. La première fois que je l’ai vue, c’était pour une prévoyance funéraire. Elle était déjà très malade et savait qu’elle allait mourir bientôt. Nous avons beaucoup parlé, de tout, de sa famille, du chauffage qui péclotait, des vêtements qu’elle porterait à son décès. Elle avait déjà fait ses cartons, comme avant un déménagement. Il y avait des piles de livres à débarrasser, elle savait exactement ce qu’elle voulait et où elle allait. Plus tard, elle a été admise dans une maison de soins palliatifs et m’a exprimé son désarroi de voir que ses parents n’acceptaient pas sa mort, ne pouvaient pas l’envisager. Je suis maman. J’ai compris ce qu’ils traversaient… Elle était prête, elle voulait mourir, mais ses parents la retenaient. Je lui ai expliqué ce qu’ils devaient vivre. Elle a beaucoup pleuré et quelques jours plus tard, elle s’en est allée. Elle m’a beaucoup marquée.

Pierre-André Weber

Raphaël Grau
« Je fais un métier qui accompagne la vie. Même s’agissant des défunts, notre travail est d’honorer leur existence, de raconter leur vécu. Et tous les proches qui se réunissent ont besoin de ce moment pour poursuivre leur route. »
Témoignage de Raphaël Grau
Je le dis souvent : je suis tombé dans la marmite tout petit, un peu comme Obélix… J’ai grandi avec les pompes funèbres. Mes parents racontent que lors de ma première cérémonie (je devais avoir six ans), j’étais très fier d’avoir trouvé un complet à ma taille. Pour moi, avoir des parents dans les pompes funèbres a toujours été une fierté, parce que c’était un travail hors du commun. Ça m’a toujours attiré et j’adore mon métier, même si le fait de devoir être tout le temps à disposition est parfois difficile.
Je me souviens de ma toute première mise en bière, vers 14-15 ans. C’est la première fois que j’ai touché un mort. J’étais avec mon père, j’ai juste donné un coup de main pour lever le bras. Ensuite, j’ai vu que je pouvais m’habituer à ce contact. Jeune adulte, j’avais peur d’approcher une chambre mortuaire le soir. Je faisais au plus vite, en laissant la porte ouverte. Aujourd’hui, ça va mieux. Je crains davantage de croiser une figure patibulaire dans la rue qu’à la morgue.
En grandissant, je me suis dit que pour reprendre l’entreprise paternelle, il me serait utile d’avoir une formation en économie. J’ai d’abord suivi une école de commerce, puis obtenu un bachelor à la HE-Arc Gestion de Neuchâtel.
Après ce cursus, j’aurais pu partir dans un autre domaine, financier ou bancaire. Mais quelque chose me retenait. Si ma famille n’avait pas travaillé dans les pompes funèbres, si je n’avais pas eu une connaissance intime de ce milieu, je ne pense pas que j’aurais choisi ce domaine. J’ai fait un stage dans une grande banque et à la fin, on m’a proposé un poste. Mais j’ai préféré « aller vers mes morts », comme a dit mon chef. J’aimais mon travail à la banque, je m’appliquais, mais je savais que mon chemin était ailleurs.
Le domaine funéraire a un aspect répétitif, avec des passages obligés, mais il comporte aussi toute une part d’inconnu, d’imprévu et de « vitalité » – même si ce mot peut sembler bizarre pour des pompes funèbres. Il n’y a pas deux journées semblables. Nous devons à chaque fois trouver le « ton juste », effectuer les bons gestes, nous rappeler que chaque élément du rituel est important et marquera les familles.
Je fais un métier qui accompagne la vie. Même s’agissant des défunts, notre travail est d’honorer leur existence, de raconter leur vécu. Et tous les proches qui se réunissent ont besoin de ce moment pour poursuivre leur route.
Mon rôle est de permettre aux familles en deuil de choisir le type de cérémonie qu’elles désirent, les fleurs qui leur plaisent, les bonnes formulations de faire-part – sans jamais rien leur imposer.
Je suis frappé par toutes les peurs liées à un décès : faire « comme il faut », choisir le « bon cercueil », ne pas se permettre trop d’originalités… Le plus important n’est-il pas que la famille et les proches se retrouvent dans une cérémonie qui ait pour eux du sens ? A nous de leur permettre d’exprimer ces attentes.
Je me suis occupé, hélas, de beaucoup de décès d’enfants. L’essentiel pour moi est d’offrir à la famille le plus beau cocon qui soit pour leur recueillement. Leur donner des images qu’ils pourront emporter. Un cercueil joliment décoré, un petit nid… Mon rôle est que les images de la cérémonie apportent un peu d’apaisement.
Notre métier est en constante évolution, avec un nombre croissant de cérémonies laïques. Nous suivons le mouvement de la vie. Avant, on se mariait à l’église et on mourait à l’église. Ensuite, les gens se sont détachés des institutions religieuses, mais on a continué à mourir à l’église. Aujourd’hui, l’horizon s’est élargi et on invente de nouvelles formes de rituels aussi pour la mort.


Nadia Robert
« Les morts, je ne les vois pas comme des personnes décédées, mais comme des personnes endormies, qui se laissent bichonner, maquiller, habiller… Et quand la famille trouve son proche beau, c’est une grande récompense. »
Témoignage de Nadia Robert
Si l’on m’avait dit, il y a deux décennies, que je travaillerais un jour dans les pompes funèbres, je ne l’aurais pas cru. Comme pour ma sœur Françoise, la mort s’est invitée très tôt dans ma vie. J’avais 17 ans quand notre père est décédé et peu de temps après, le « croque-mort » est devenu mon beau-frère. La mort fait partie de notre existence. Nous la côtoyons depuis presque toujours et les récits de Gérard ont souvent émaillé les repas de famille. Mais pour moi, pendant longtemps, c’était clair : leur histoire n’était pas la mienne.
Je me suis donc lancée dans de longues études de médecine vétérinaire, puis dans la recherche sur les pathologies des animaux sauvages et exotiques, ce qui m’a amenée à occuper divers postes – comme curatrice au TierPark de Berne et cheffe de département à l’Université de la même ville.
Et puis, le 31 mai 2010, mon beau-frère m’a proposé de venir donner un coup de main dans la firme familiale. Je ne m’y attendais pas du tout et n’y avais jamais pensé. Mais j’ai dit oui. Au début, je partageais mon temps entre les pompes funèbres et mes activités d’ostéopathie animale. Et petit à petit, je me suis laissé prendre et j’ai senti que ma place était ici.
La première fois où je suis allée préparer un corps avec Raphaël et Gérard, je me suis tenue en arrière, je n’osais pas y toucher. Et puis ça s’est fait naturellement. On regarde, on apprend. Je parle à mes morts, savez-vous ? Je ne les vois pas comme des personnes décédées, mais comme des personnes endormies, qui se laissent bichonner, maquiller, habiller… Et quand la famille trouve son proche beau, c’est une grande récompense.
Bien sûr, il y a des moments très difficiles. Les accidents, les personnes décédées de mort violente, les jeunes mamans, les gens passés sous un train. Et les enfants… Ça, c’est très dur, comme une autre dimension. Tu le prends dans tes bras, tu es portée par quelque chose ressemblant à de l’amour universel. Tu l’aimes tellement fort, ce gamin dont tu dois t’occuper. C’est indescriptible. Alors tu le pomponnes, tu prends soin de lui. Tu es la dernière personne qui le touchera, qui lui caressera les cheveux, qui l’habillera. Et quand ses parents arrivent, tu te fais toute petite… et les soutiens si tu vois qu’ils vacillent.
Et puis à d’autres moments, c’est une petite grand-mère. Tu rencontres la famille qui est sereine, paisible, car c’est dans l’ordre des choses. Ou le mari vient voir sa femme, la trouve belle et te dit merci. Ça, ça te porte…
J’aime le contact avec les gens, avec les familles. Je « sens » la bonne place à occuper, devant ou plutôt en coulisses. Notre travail est à la fois d’être empathiques, à l’écoute et jamais intrusifs. Rester à notre juste place. Accueillir la tristesse, la douleur de la perte. Donner un verre d’eau, être là. Simplement.
La cérémonie n’a lieu qu’une fois, tout doit donc être parfait. C’est un rite capital. Il y a la musique, les fleurs, mais aussi des éléments apparemment anodins comme le parcage, l’orthographe des faire-part, une virgule qui change le sens, une personne assise à la mauvaise place, un geste au mauvais moment. Ces petites choses peuvent tout changer, pour la famille, pour les proches. C’est à nous de faire attention à tous ces détails.
Nous sommes bienveillants et impliqués, ce qui crée avec les familles des liens différents. Nous sommes totalement à l’écoute, aussi bien des personnes à l’aide sociale que de la « haute société ». Nous nous occupons des défunts de la même façon, avec soin et amour. Chez nous, même les personnes dans un cercueil fermé ont été prises en charge avec amour.
Émile Grau
Pierre-André Weber

Gérard Grau
« Mon cadeau à moi, aux familles en deuil, c’est ce moment où je vois que je pourrai les soulager d’un souci, les soutenir, les conseiller. »
Témoignage de Gérard Grau
Quand mon père Emile a fondé l’entreprise, en 1959, j’avais trois ans. En ce temps-là, lorsqu’il y avait un décès au village, on demandait au menuisier de venir mesurer le corps pour fabriquer le cercueil. Les familles s’occupaient de la toilette de la personne décédée, qui restait à la maison jusqu’à la cérémonie. Ensuite le menuisier emmenait le défunt au cimetière sur un petit char tiré par des chevaux.
Je me souviens qu’à 11-12 ans, j’ai accompagné mon père pour un transport mortuaire en Italie. J’étais installé sur un petit siège à l’arrière, à côté du cercueil. Déjà à cette époque, je suivais mon père partout, aussi pendant les mises en bière. Un peu comme mon fils Raphaël a fait avec moi.
En 1972, mon père est mort. Il avait 51 ans et moi 15 ans et demi. Hémorragie cérébrale. J’étais à côté de lui durant ses quelques heures à l’hôpital, j’ai remué ciel et terre pour qu’il vive. Mais il est décédé. C’est jeune pour perdre son papa. Je lui ai beaucoup parlé au cimetière. J’allais m’asseoir à côté de sa tombe et je lui parlais. Je dis souvent ça aux gens : « Allez parler à ceux que vous aimez. Dites ce que vous avez sur le cœur, c’est important. Et si vous ne pouvez pas le dire, écrivez-le. »
Malgré mon jeune âge, j’étais bien décidé à reprendre l’entreprise paternelle et je me suis lancé dans un apprentissage de menuisier. Je suis devenu adulte à toute vitesse : discuter, à 17 ans, avec les enfants d’un nonagénaire qui ont autour de 70 ans, ça fait grandir très vite. Ce sont de sacrés apprentissages de vie…
Mon cadeau à moi, aux familles en deuil, c’est ce moment où je vois que je pourrai les soulager d’un souci, les soutenir, les conseiller. Parfois, partager notre vécu aide aussi les proches à choisir la meilleure manière d’accompagner un décès. Mon expérience d’aujourd’hui me permet davantage ce genre de choses.
Nous arrivons au monde un peu fripés, il y a du sang à la naissance… Alors je dis parfois aux familles qui veulent voir leur proche décédé qu’il est aussi un peu fripé, comme à sa naissance. Le corps humain est un peu comme une fleur, si on la laisse sans eau durant deux jours, elle se flétrit. C’est bien de prévenir les familles.
Parfois, il m’arrive de retourner chez des personnes que j’ai assistées lors d’un deuil. Je passe et si elles sont là, je m’invite pour un petit café. Cela fait plaisir à tout le monde.
Les morts, c’est une chose. On fait en sorte de les habiller, de les maquiller, de les préparer le mieux possible. Mais le plus important, c’est de s’occuper des vivants. De la famille qui reste. C’est cela, notre vocation, et nous devons sans cesse nous adapter aux situations et aux personnes.
Le respect est pour nous la valeur la plus importante. Le respect du défunt, le fait de l’habiller entièrement, et pas simplement avec une veste. Même si le cercueil est fermé, le défunt est habillé. C’est une marque de respect pour tout le monde : le défunt et les vivants. De respect et d’humanité.
Un jour, j’ai dû m’occuper d’une famille confrontée à un vrai dilemme. Le corps de la grand-mère devait rester à la maison, comme elle l’avait souhaité, mais les parents voulaient aussi fêter les cinq ans de leur fils. Le jour de la cérémonie, en arrivant dans la pièce où reposait la grand-mère, je vois son petit-fils jouer avec le tracteur téléguidé qu’il venait de recevoir. Je lui dis « Salut ! C’est le cadeau que tu as reçu ? » Et lui me répond : « Salut ! Oui, je le montre à grand-maman avant qu’elle parte ! » Sur le pas de la porte, j’avais les larmes aux yeux.

Raphaël Grau
« Je fais un métier qui accompagne la vie. Même s’agissant des défunts, notre travail est d’honorer leur existence, de raconter leur vécu. Et tous les proches qui se réunissent ont besoin de ce moment pour poursuivre leur route. »
Témoignage de Raphaël Grau
Je le dis souvent : je suis tombé dans la marmite tout petit, un peu comme Obélix… J’ai grandi avec les pompes funèbres. Mes parents racontent que lors de ma première cérémonie (je devais avoir six ans), j’étais très fier d’avoir trouvé un complet à ma taille. Pour moi, avoir des parents dans les pompes funèbres a toujours été une fierté, parce que c’était un travail hors du commun. Ça m’a toujours attiré et j’adore mon métier, même si le fait de devoir être tout le temps à disposition est parfois difficile.
Je me souviens de ma toute première mise en bière, vers 14-15 ans. C’est la première fois que j’ai touché un mort. J’étais avec mon père, j’ai juste donné un coup de main pour lever le bras. Ensuite, j’ai vu que je pouvais m’habituer à ce contact. Jeune adulte, j’avais peur d’approcher une chambre mortuaire le soir. Je faisais au plus vite, en laissant la porte ouverte. Aujourd’hui, ça va mieux. Je crains davantage de croiser une figure patibulaire dans la rue qu’à la morgue.
En grandissant, je me suis dit que pour reprendre l’entreprise paternelle, il me serait utile d’avoir une formation en économie. J’ai d’abord suivi une école de commerce, puis obtenu un bachelor à la HE-Arc Gestion de Neuchâtel.
Après ce cursus, j’aurais pu partir dans un autre domaine, financier ou bancaire. Mais quelque chose me retenait. Si ma famille n’avait pas travaillé dans les pompes funèbres, si je n’avais pas eu une connaissance intime de ce milieu, je ne pense pas que j’aurais choisi ce domaine. J’ai fait un stage dans une grande banque et à la fin, on m’a proposé un poste. Mais j’ai préféré « aller vers mes morts », comme a dit mon chef. J’aimais mon travail à la banque, je m’appliquais, mais je savais que mon chemin était ailleurs.
Le domaine funéraire a un aspect répétitif, avec des passages obligés, mais il comporte aussi toute une part d’inconnu, d’imprévu et de « vitalité » – même si ce mot peut sembler bizarre pour des pompes funèbres. Il n’y a pas deux journées semblables. Nous devons à chaque fois trouver le « ton juste », effectuer les bons gestes, nous rappeler que chaque élément du rituel est important et marquera les familles.
Je fais un métier qui accompagne la vie. Même s’agissant des défunts, notre travail est d’honorer leur existence, de raconter leur vécu. Et tous les proches qui se réunissent ont besoin de ce moment pour poursuivre leur route.
Mon rôle est de permettre aux familles en deuil de choisir le type de cérémonie qu’elles désirent, les fleurs qui leur plaisent, les bonnes formulations de faire-part – sans jamais rien leur imposer.
Je suis frappé par toutes les peurs liées à un décès : faire « comme il faut », choisir le « bon cercueil », ne pas se permettre trop d’originalités… Le plus important n’est-il pas que la famille et les proches se retrouvent dans une cérémonie qui ait pour eux du sens ? A nous de leur permettre d’exprimer ces attentes.
Je me suis occupé, hélas, de beaucoup de décès d’enfants. L’essentiel pour moi est d’offrir à la famille le plus beau cocon qui soit pour leur recueillement. Leur donner des images qu’ils pourront emporter. Un cercueil joliment décoré, un petit nid… Mon rôle est que les images de la cérémonie apportent un peu d’apaisement.
Notre métier est en constante évolution, avec un nombre croissant de cérémonies laïques. Nous suivons le mouvement de la vie. Avant, on se mariait à l’église et on mourait à l’église. Ensuite, les gens se sont détachés des institutions religieuses, mais on a continué à mourir à l’église. Aujourd’hui, l’horizon s’est élargi et on invente de nouvelles formes de rituels aussi pour la mort.

Françoise Grau-Robert
« Les retours des gens qui ont fait appel à nos services montrent que nous sommes différents. Très à l’écoute, empathiques. On me parle de ma douceur, de ma patience. Du fait que je suis tout le temps en train de sourire. »
Témoignage de Françoise Grau-Robert
Je le dis souvent : je suis tombé dans la marmite tout petit, un peu comme Obélix… J’ai grandi avec les pompes funèbres. Mes parents racontent que lors de ma première cérémonie (je devais avoir six ans), j’étais très fier d’avoir trouvé un complet à ma taille. Pour moi, avoir des parents dans les pompes funèbres a toujours été une fierté, parce que c’était un travail hors du commun. Ça m’a toujours attiré et j’adore mon métier, même si le fait de devoir être tout le temps à disposition est parfois difficile.
Je me souviens de ma toute première mise en bière, vers 14-15 ans. C’est la première fois que j’ai touché un mort. J’étais avec mon père, j’ai juste donné un coup de main pour lever le bras. Ensuite, j’ai vu que je pouvais m’habituer à ce contact. Jeune adulte, j’avais peur d’approcher une chambre mortuaire le soir. Je faisais au plus vite, en laissant la porte ouverte. Aujourd’hui, ça va mieux. Je crains davantage de croiser une figure patibulaire dans la rue qu’à la morgue.
En grandissant, je me suis dit que pour reprendre l’entreprise paternelle, il me serait utile d’avoir une formation en économie. J’ai d’abord suivi une école de commerce, puis obtenu un bachelor à la HE-Arc Gestion de Neuchâtel.
Après ce cursus, j’aurais pu partir dans un autre domaine, financier ou bancaire. Mais quelque chose me retenait. Si ma famille n’avait pas travaillé dans les pompes funèbres, si je n’avais pas eu une connaissance intime de ce milieu, je ne pense pas que j’aurais choisi ce domaine. J’ai fait un stage dans une grande banque et à la fin, on m’a proposé un poste. Mais j’ai préféré « aller vers mes morts », comme a dit mon chef. J’aimais mon travail à la banque, je m’appliquais, mais je savais que mon chemin était ailleurs.
Le domaine funéraire a un aspect répétitif, avec des passages obligés, mais il comporte aussi toute une part d’inconnu, d’imprévu et de « vitalité » – même si ce mot peut sembler bizarre pour des pompes funèbres. Il n’y a pas deux journées semblables. Nous devons à chaque fois trouver le « ton juste », effectuer les bons gestes, nous rappeler que chaque élément du rituel est important et marquera les familles.
Je fais un métier qui accompagne la vie. Même s’agissant des défunts, notre travail est d’honorer leur existence, de raconter leur vécu. Et tous les proches qui se réunissent ont besoin de ce moment pour poursuivre leur route.
Mon rôle est de permettre aux familles en deuil de choisir le type de cérémonie qu’elles désirent, les fleurs qui leur plaisent, les bonnes formulations de faire-part – sans jamais rien leur imposer.
Je suis frappé par toutes les peurs liées à un décès : faire « comme il faut », choisir le « bon cercueil », ne pas se permettre trop d’originalités… Le plus important n’est-il pas que la famille et les proches se retrouvent dans une cérémonie qui ait pour eux du sens ? A nous de leur permettre d’exprimer ces attentes.
Je me suis occupé, hélas, de beaucoup de décès d’enfants. L’essentiel pour moi est d’offrir à la famille le plus beau cocon qui soit pour leur recueillement. Leur donner des images qu’ils pourront emporter. Un cercueil joliment décoré, un petit nid… Mon rôle est que les images de la cérémonie apportent un peu d’apaisement.
Notre métier est en constante évolution, avec un nombre croissant de cérémonies laïques. Nous suivons le mouvement de la vie. Avant, on se mariait à l’église et on mourait à l’église. Ensuite, les gens se sont détachés des institutions religieuses, mais on a continué à mourir à l’église. Aujourd’hui, l’horizon s’est élargi et on invente de nouvelles formes de rituels aussi pour la mort.

Nadia Robert
« Les morts, je ne les vois pas comme des personnes décédées, mais comme des personnes endormies, qui se laissent bichonner, maquiller, habiller… Et quand la famille trouve son proche beau, c’est une grande récompense. »
Témoignage de Nadia Robert
Je le dis souvent : je suis tombé dans la marmite tout petit, un peu comme Obélix… J’ai grandi avec les pompes funèbres. Mes parents racontent que lors de ma première cérémonie (je devais avoir six ans), j’étais très fier d’avoir trouvé un complet à ma taille. Pour moi, avoir des parents dans les pompes funèbres a toujours été une fierté, parce que c’était un travail hors du commun. Ça m’a toujours attiré et j’adore mon métier, même si le fait de devoir être tout le temps à disposition est parfois difficile.
Je me souviens de ma toute première mise en bière, vers 14-15 ans. C’est la première fois que j’ai touché un mort. J’étais avec mon père, j’ai juste donné un coup de main pour lever le bras. Ensuite, j’ai vu que je pouvais m’habituer à ce contact. Jeune adulte, j’avais peur d’approcher une chambre mortuaire le soir. Je faisais au plus vite, en laissant la porte ouverte. Aujourd’hui, ça va mieux. Je crains davantage de croiser une figure patibulaire dans la rue qu’à la morgue.
En grandissant, je me suis dit que pour reprendre l’entreprise paternelle, il me serait utile d’avoir une formation en économie. J’ai d’abord suivi une école de commerce, puis obtenu un bachelor à la HE-Arc Gestion de Neuchâtel.
Après ce cursus, j’aurais pu partir dans un autre domaine, financier ou bancaire. Mais quelque chose me retenait. Si ma famille n’avait pas travaillé dans les pompes funèbres, si je n’avais pas eu une connaissance intime de ce milieu, je ne pense pas que j’aurais choisi ce domaine. J’ai fait un stage dans une grande banque et à la fin, on m’a proposé un poste. Mais j’ai préféré « aller vers mes morts », comme a dit mon chef. J’aimais mon travail à la banque, je m’appliquais, mais je savais que mon chemin était ailleurs.
Le domaine funéraire a un aspect répétitif, avec des passages obligés, mais il comporte aussi toute une part d’inconnu, d’imprévu et de « vitalité » – même si ce mot peut sembler bizarre pour des pompes funèbres. Il n’y a pas deux journées semblables. Nous devons à chaque fois trouver le « ton juste », effectuer les bons gestes, nous rappeler que chaque élément du rituel est important et marquera les familles.
Je fais un métier qui accompagne la vie. Même s’agissant des défunts, notre travail est d’honorer leur existence, de raconter leur vécu. Et tous les proches qui se réunissent ont besoin de ce moment pour poursuivre leur route.
Mon rôle est de permettre aux familles en deuil de choisir le type de cérémonie qu’elles désirent, les fleurs qui leur plaisent, les bonnes formulations de faire-part – sans jamais rien leur imposer.
Je suis frappé par toutes les peurs liées à un décès : faire « comme il faut », choisir le « bon cercueil », ne pas se permettre trop d’originalités… Le plus important n’est-il pas que la famille et les proches se retrouvent dans une cérémonie qui ait pour eux du sens ? A nous de leur permettre d’exprimer ces attentes.
Je me suis occupé, hélas, de beaucoup de décès d’enfants. L’essentiel pour moi est d’offrir à la famille le plus beau cocon qui soit pour leur recueillement. Leur donner des images qu’ils pourront emporter. Un cercueil joliment décoré, un petit nid… Mon rôle est que les images de la cérémonie apportent un peu d’apaisement.
Notre métier est en constante évolution, avec un nombre croissant de cérémonies laïques. Nous suivons le mouvement de la vie. Avant, on se mariait à l’église et on mourait à l’église. Ensuite, les gens se sont détachés des institutions religieuses, mais on a continué à mourir à l’église. Aujourd’hui, l’horizon s’est élargi et on invente de nouvelles formes de rituels aussi pour la mort.
